

Meurtre dans une mosquée du Gard: le meurtrier toujours en fuite, émoi jusqu'au sommet de l'Etat
Quarante-huit heures après le meurtre d'un fidèle musulman dans la mosquée de la petite commune gardoise de La Grand-Combe, son assassin, un homme d'une vingtaine d'années "potentiellement extrêmement dangereux", est toujours recherché dimanche, alors que les réactions se multiplient dans le monde politique, jusqu'au sommet de l'Etat.
"Le racisme et la haine en raison de la religion n'auront jamais leur place en France", a ainsi assuré Emmanuel Macron, sur X: "La liberté de culte est intangible", a insisté le chef de l'Etat, en adressant "le soutien de la Nation" à la famille de la victime et "à nos compatriotes de confession musulmane".
Dans la commune encore traumatisée, une marche blanche en souvenir de la victime, un jeune Malien d'une vingtaine d'années, a débuté peu après 14H30. Partis de la mosquée Khadidja, où s'est déroulé le drame, près d'un millier de personnes ont pris la direction de la mairie de cette petite commune de moins de 5.000 habitants au nord d'Alès.
Parmi eux, Abdallah Zekri, recteur de la mosquée de la Paix à Nîmes, ne cachait pas son "sentiment de colère et de haine à l'égard de ceux qui ont commis ce crime". "On aurait aimé la présence du ministre de l'Intérieur ou du préfet, mais malheureument il n'y pas leur présence", a-t-il regretté, dénonçant un climat islamophobe.
"Du matin au soir, vous allumez la télévision, qu'est-ce que vous entendez, l'islam, les musulmans, les migrants, les OQTF, il n'y a que ça", a-t-il accusé.
Plus tard à Paris, à partir de 18H00, un rassemblement organisé Place de la République, "contre l'islamophobie", donnera lieu à une minute de silence.
Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur, a annoncé via son entourage sa venue dimanche après-midi dans le Gard, pour rencontrer les représentants locaux de la communauté musulmane et faire le point sur l'enquête avec le procureur. Mais ces discussions auront lieu à la sous-préfecture d'Alès.
Si "toutes les pistes" restent envisagées pour les enquêteurs, dont celle d'un crime "raciste et islamophobe", comme a insisté samedi le procureur d'Alès, Abdelkrim Grini, auprès de l'AFP, cette thèse a largement été adoptée par la classe politique et notamment par le Premier ministre François Bayrou, qui a dénoncé samedi sur X "une ignominie islamophobe".
"L'islamophobie tue. Tous ceux qui y contribuent sont coupables", a martelé Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France Insoumise.
A la Grande Mosquée de Paris, on a même évoqué une possible dimension "terroriste" à ce meurtre, dans une réaction sur les réseaux sociaux dans la nuit de samedi à dimanche.
"Il fait peu de doute que son auteur a été motivé par la haine des musulmans", a assuré l'institution religieuse en demandant "aux autorités compétentes de communiquer au public si la piste #terroriste est privilégiée".
- "Je l'ai fait !" -
"L'assassinat d'un fidèle dans une mosquée est un crime ignoble qui doit révulser le coeur de tous les Français", a réagi le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Quant au délégué national de la Conférence des évêques de France, Jean-François Bour, il a estimé qu'"une réponse ferme à la haine antimusulmane est urgente!".
Ouverte pour homicide vendredi, l'enquête a absculé depuis samedi pour assassinat, soit meurtre avec préméditation, a précisé à l'AFP le procureur de la République d'Alès.
Les éléments officiellement communiqués sur le meurtrier sont peu nombreux: prénommé "Olivier", né à Lyon en 2004, cet homme de nationalité française, issu d'une famille bosnienne, a une partie de sa famille dans le Gard. Sans aucun antécédent judiciaire, il serait sans emploi.
Une certitude pour le procureur: il est "potentiellement extrêmement dangereux" et il est "primordial" de l'interpeller avant qu'il fasse de nouvelles victimes. Dans "les propos décousus" que le jeune homme tient dans la vidéo qu'il a lui-même filmée vendredi juste après son meurtre, face à sa victime agonisante, il semble en effet "manifester son intention de recommencer", avait précisé samedi soir le procureur à l'AFP.
Au moment de son agression, Aboubakar, un jeune homme venu du Mali et installé à La Grand-Combe depuis quelques années, était comme chaque semaine venu tôt à la mosquée pour faire le ménage, avant la prière du vendredi.
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F.G.Fischer--VZ