

Le patron d'Airbnb en quête de "nouveauté" et de "fraîcheur"
"La nouveauté, c'est cool. C'est excitant. Je veux être nouveau. Je veux être frais. Je veux être jeune", lance Brian Chesky, le patron d'Airbnb, lors d'un entretien avec l'AFP mardi à Los Angeles, où il est venu présenter une nouvelle offre services à domicile sur l'application.
A côté de la réservation de logements - qui n'a "plus rien de nouveau", note-t-il - les utilisateurs vont désormais pouvoir trouver des professionnels des soins de beauté et bien-être ainsi que des traiteurs, prêts à venir dans leur location de vacances ou même chez eux.
L'entreprise n'avait jamais tenté une telle diversification de ses sources de revenus depuis sa naissance en 2008 à San Francisco.
"Pour rester pertinente, l'entreprise doit se développer et évoluer. Mais ça, c'est notre problème, cela n'intéresse personne", continue Brian Chesky.
"Le vrai problème que nous voulions résoudre, c'est qu'il est très difficile d'obtenir ces services".
Il raconte qu'au début, l'idée semblait juste "intéressante", mais elle petit à petit devenue "essentielle". "Nous avons soudain réalisé que cela pourrait entraîner un usage hebdomadaire, et non plus seulement annuel, de l'application".
Dans un premier temps les coiffeurs, masseurs et photographes sélectionnés par la plateforme seront disponibles dans 260 villes dans le monde. L'offre doit ensuite être étendue à d'autres lieux et d'autres services.
Comme la garde d'enfants, "l'objectif ultime". Car proposer des baby sitters sur l'application signifierait que les utilisateurs font vraiment "confiance" à l'entreprise.
"Nous devons travailler pour mériter ce niveau de confiance. Nous n'en sommes pas encore là, mais c'est ce qui nous guide", assure le dirigeant.
- "Concierge parfait" -
Etonnament, alors que l'intelligence artificielle (IA) générative domine tous les investissements et nouveaux produits dans la Silicon Valley depuis deux ans, Brian Chesky n'a quasiment pas mentionné la technologie à l'oeuvre dans ChatGPT.
"Je n'en ai pas parlé, mais nous avons un nouvel agent IA pour le service client, et c'est le meilleur de toutes les applications de voyages", se vante le dirigeant.
Entraîné à partir de "centaines de millions ou même milliards" de données et informations relatives à des séjours de clients, il est d'abord déployé auprès des utilisateurs américains, avant de gagner d'autres pays, dans d'autres langues que l'anglais, dans les mois à venir.
Mais Airbnb est plutôt attendu du côté des assistants IA capables de composer tout un séjour sur mesure, et de faire les réservations ensuite, comme celui de la start-up Mindtrip.
Un secteur très convoité - Expedia, Booking ou Google essaient depuis des années de s'imposer comme la plateforme centrale des voyageurs.
"Nous allons avoir plus de choses dans l'IA", promet le patron. "A la fin nous deviendrons le concierge parfait pour les voyages et la vie quotidienne".
- Politique -
En attendant, Airbnb fait face à des problèmes moins technologiques et plus politiques.
Le groupe californien a dû prendre ses distances avec Joe Gebbia, son cofondateur qui a rejoint l'équipe Doge d'Elon Musk, chargée par Donald Trump de traquer les dépenses fédérales qu'elle considère inutiles.
Des hôtes de la plateforme ont annoncé quitter Airbnb en réaction à cette situation - les méthodes de la commission sont largement jugées brutales et contre-productives par la gauche américaine.
"Nous n'avons pas vu d'impact", affirme Brian Chesky.
"Je pense que le concept d'Airbnb dépasse largement les idées d'une personne ou d'une autre", ajoute-t-il, avant de rappeler que Joe Gebbia n'est plus impliqué dans les activités quotidiennes d'Airbnb depuis deux ans.
Le patron se montre aussi diplomate sur la question des politiques économiques du président américain, qui ont fait plonger les marchés et sèment l'incertitude dans tous les secteurs.
Airbnb a observé une baisse du nombre de touristes étrangers venant aux Etats-Unis, mais "nous avons une forte capacité d'adaptation", assure-t-il. "Si des voyageurs choisissent de partir en vacances dans leur propre pays, ils iront peut-être quand même dans des Airbnb".
"Cela dit, je pense qu'un monde où les frontières sont ouvertes et où les gens voyagent librement est certainement la meilleure chose qui soit", lâche-t-il, "tant pour l'économie que pour les rencontres culturelles entre les communautés".
F.Schneider--VZ