

L'Uruguay commence à dire adieu à son charismatique ex-président "Pepe" Mujica
Des milliers d'Uruguayens ont commencé mercredi à dire adieu à leur populaire ancien président José Mujica (2010-2015), figure de la gauche latino-américaine, décédé la veille d'un cancer à l'âge de 89 ans.
Ancien guérillero et adepte d'un mode de vie austère, José Mujica, dit "Pepe", est mort mardi dans sa modeste ferme de la périphérie de Montevideo, en présence de son épouse, l'ancienne vice-présidente Lucia Topolansky.
Mercredi à 10H00 locales (13H00 GMT), le cortège funèbre s'est élancé dans la capitale Montevideo depuis le siège de la Présidence en direction du Palais législatif où se tiendra une veillée funèbre. Le gouvernement du petit pays sud-américain a décrété trois jours de deuil national.
Postés de chaque côté de l'avenue 18 de Julio, artère principale de Montevideo, des milliers Uruguayens sont venus saluer le charismatique ancien dirigeant au passage du cercueil placé sur un affût tiré par des chevaux.
"Merci, Pepe !", criaient certains, tandis que d'autres laissaient échapper des larmes.
Surnommé le "président le plus pauvre du monde" pour avoir reversé la quasi-totalité de ses revenus de dirigeant à un programme de logement social, "Pepe" Mujica avait révélé en début d'année que son cancer de l'œsophage diagnostiqué en mai 2024 s'était propagé et que son corps ne supportait plus les traitements.
Son décès a suscité mardi de nombreuses réactions de dirigeants, notamment au sein de la gauche latino-américaine.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a loué une "grandeur humaine (qui) a dépassé les frontières" et son homologue mexicaine Claudia Sheinbaum un "exemple pour l'Amérique latine et le monde entier", par sa sagesse et sa simplicité.
En Colombie, le président de gauche Gustavo Petro, lui aussi ex-guérillero, a évoqué un "grand révolutionnaire".
José Mujica a cru "en un monde meilleur", a également salué le Premier ministre espagnol socialiste Pedro Sanchez.
M. Mujica a atteint une popularité inédite pour un dirigeant de ce pays de 3,4 millions d'habitants, coincé entre les géants brésilien et argentin.
Dans les années 1960, il fut l'un des fondateurs de la guérilla urbaine d'extrême gauche Mouvement de libération nationale Tupamaros (MLN). Blessé par balles en 1970, il fut emprisonné pendant toute la dictature (1973-1985) et torturé.
Après sa libération en 1985, il se lance dans la politique et fonde en 1989 le Mouvement de participation populaire (MPP), pilier de la coalition de gauche du Frente Amplio.
Le dirigeant, qui occupa aussi les fonctions de député, sénateur et ministre, a durant son mandat présidentiel bousculé les conventions, promouvant des mesures progressistes pour l'Amérique latine, comme la légalisation du cannabis, une première mondiale en 2013, ainsi que l'avortement et le mariage homosexuel.
F.Braun--VZ