Moscou accuse l'Ukraine de reporter l'échange de prisonniers après des frappes russes
La Russie a accusé samedi l'Ukraine d'avoir reporté l'échange de prisonniers devant se tenir ce week-end, après des frappes russes de grande envergure ayant notamment touché Kharkiv, la deuxième ville ukrainienne.
Selon le négociateur en chef russe Vladimir Medinski, "la partie ukrainienne a reporté de manière inattendue la réception des corps" de soldats tués "et l'échange de prisonniers de guerre à une date indéterminée".
Cet échange prévu était le seul résultat concret des pourparlers directs russo-ukrainiens en Turquie, quand Moscou et Kiev avaient convenu lundi de libérer tous les prisonniers de guerre grièvement blessés ou malades, ainsi que ceux âgés de moins de 25 ans, après un précédent concernant 1.000 personnes de chaque côté en mai.
Sur Telegram, le négociateur russe Medinski a appelé Kiev à "récupérer les corps de 6.000 soldats" ukrainiens, assurant que "1.212 corps de soldats ukrainiens sont déjà sur le lieu d'échange" à la frontière russo-ukrainienne.
D'après M. Medinski, "la première liste de 640 prisonniers de guerre (...) a été fournie à l'Ukraine afin de commencer l'échange".
- Kharkiv visée -
Au total, huit personnes sont mortes en Ukraine, donc cinq dans les frappes nocturnes dans la nuit de samedi, notamment sur Kharkiv, après la promesse de Moscou d'une "riposte" à la destruction d'une partie de sa flotte aérienne.
A Kharkiv, trois personnes ont été tuées et au moins 17 blessées, selon lemaire Igor Terekhov.
Selon les autorités régionales, deux personnes ont aussi été tuées à Kherson (sud), tandis que près du front, dans la région de Donetsk, des frappes ont fait trois morts.
Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine, a subi "l'attaque la plus puissante depuis le début de la guerre", selon son maire Igor Terekhov.
"La Russie continue sa terreur contre les civils", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Andriï Sybiga, appelant à "accroître la pression sur Moscou" pour "mettre fin aux massacres et destructions perpétrées par la Russie".
Dans la nuit de vendredi à samedi, un total de 206 drones Shahed et neuf missiles ont été tirés par la Russie selon l'armée de l'air ukrainienne.
De son côté, l'armée russe a assuré avoir visé des "entreprises du complexe militaro-industriel ukrainien, des ateliers d'assemblage de drones, des centres de maintenance technique et de réparation d'armes et de matériel militaire, ainsi que des dépôts de munitions".
Le ministère russe de la Défense a dit que 36 drones ukrainiens avaient été détruits dans la nuit de vendredi à samedi dans les régions de Moscou, de Koursk et de Smolensk notamment.
Cette attaque a conduit à la fermeture momentanée du principal aéroport de Moscou, Cheremetievo, selon les autorités aériennes.
- "Riposte"-
Selon l'armée ukrainienne, la Russie avait déjà mené dans la nuit de jeudi à vendredi, à l'échelle du pays, une de ses attaques les plus massives depuis le début de la guerre, avec 407 drones et 45 missiles.
Moscou a évoqué vendredi "une riposte" après les attaques ukrainiennes qui ont visé dimanche plusieurs aérodromes russes loin du front, destruction de plusieurs bombardiers à la clé.
Ces frappes interviennent à un moment où les négociations de paix sont dans l'impasse après un deuxième cycle de pourparlers directs entre Russes et Ukrainiens à Istanbul lundi.
Signe de l'intransigeance de Moscou, tandis que les exigences des deux camps semblent inconciliables, le Kremlin a présenté l'invasion de l'Ukraine, qu'il a déclenchée en février 2022, comme "une question existentielle".
Les forces russes, qui occupent environ 20% du territoire ukrainien, bombardent quasi quotidiennement des villes ukrainiennes depuis 2022. En riposte, l'Ukraine mène également, quasiment chaque jour, des attaques aériennes en Russie.
D.Michael--VZ