

Un jeune élu très à gauche en tête de la primaire démocrate à New York
Candidat de l'aile gauche du Parti démocrate, Zohran Mamdani est arrivé mardi en tête de la primaire pour l'élection à la mairie de New York, créant la surprise contre le favori Andrew Cuomo après une campagne contre la vie chère et la promesse de taxer les hauts revenus.
Le trentenaire encore quasiment inconnu il y a quelques mois, qui se revendique "progressiste et musulman", a rattrapé jusqu'à 30 points de retard dans les sondages sur l'ancien gouverneur Cuomo, plus centriste.
"Je suis honoré d'être votre candidat démocrate à la mairie", a déclaré Zohran Mamdani à ses partisans dans son fief du Queens, district populaire de la métropole de la côte est. New York, ville d'environ 8,4 millions d'habitants, est un bastion démocrate.
Ce résultat choc intervient alors que Donald Trump cible régulièrement des grandes villes, dirigées selon lui par des "démocrates d'extrême gauche" à "l'esprit malade", et alors que le Parti démocrate n'a pas de leader s'imposant comme opposant numéro 1 au président américain.
"Ce soir n'était pas notre soir ... Il (Zohran Mamdani) a gagné", a concédé, sourire crispé, l'ancien gouverneur (2011-2021) Andrew Cuomo. A 67 ans, il voit échouer son retour en politique quatre ans après sa démission au milieu d'un scandale de harcèlement sexuel.
Avec près de 95% de bulletins dépouillés, soit près d'un million, Zohran Mamdani mène la course en tête avec plus de 43% des voix, contre 36% pour M. Cuomo.
- Barrage à Cuomo -
Les jeux ne sont officiellement pas encore faits dans cette élection au mode de scrutin complexe, où les électeurs étaient appelés à classer cinq candidats par ordre de préférence. Comme aucun candidat ne dépasse les 50% des voix mardi soir, le dépouillement se poursuivra dans une semaine pour comptabiliser les 2e, 3e choix et suivants jusqu'à désigner un vainqueur.
Mais l'avantage de Zohran Mamdani, qui à 33 ans incarne l'aile la plus à gauche de son parti, est conséquent.
Il a mené une campagne virale sur les réseaux sociaux et suscité l'enthousiasme d'une armée de jeunes bénévoles sur le terrain pour amplifier ses promesses contre la vie chère, dont la gratuité des bus, des crèches et le gel des loyers régulés, des mesures qu'il compte financer par une taxation sur les plus hauts revenus.
Ce natif d'Ouganda aux origines indiennes a été soutenu par des figures de gauche comme Bernie Sanders et l'élue à la Chambre des représentants de New York Alexandria Ocasio-Cortez.
"Félicitations à Zohran Mamdani et à ses milliers de sympathisants pour leur extraordinaire campagne. Vous avez affronté l'establishment politique, économique et médiatique et vous l'avez battu", a déclaré M. Sanders sur X.
"Les milliardaires et les lobbyistes ont déversé des millions contre vous et contre notre système de finances publiques. Et vous avez gagné", a dit Mme Ocasio-Cortez, également sur X.
"Zohran Mamdani est trop extrême pour une ville déjà à fleur de peau", a réagi le candidat républicain Curtis Sliwa. "L'heure n'est pas à la politique radicale", a-t-il ajouté. Le sénateur texan Ted Cruz, un pilier du Parti républicain, a lui appelé les New-Yorkais "qui ne sont pas communistes" à fuir la métropole pour s'installer au Texas.
- Coût de la vie -
New York mérite "un maire fier de se présenter en fonction de son bilan, et non (...) un maire qui n'a aucun bilan. Nous méritons un maire qui continuera à réduire la criminalité, à soutenir notre police, à lutter contre l'antisémitisme", a réagi le maire sortant Eric Adams, élu sous l'étiquette démocrate, qui compte se représenter mais qui souffre d'un déficit d'image, accusé de se compromettre avec l'administration Trump en échange de l'enterrement de poursuites pour corruption.
M. Mamdani a aussi été critiqué par ses rivaux pour ses positions propalestiniennes et le fait qu'il accuse Israël de "génocide".
Mais l'un des thèmes forts de la campagne a été le coût de la vie.
"Le premier enjeu, c'est que New York soit abordable", a résumé mardi, juste après avoir glissé son bulletin dans un bureau de vote à Brooklyn, Eamon Harkin, un DJ de 48 ans.
"La ville est devenue très chère. De nombreuses classes populaires et moyennes ne peuvent plus se permettre de vivre ici", a-t-il ajouté.
Pour Nicholas Zantal, publicitaire de 31 ans, cette primaire est "un référendum pour le Parti démocrate": "soit nous penchons pour un candidat centriste (Andrew Cuomo), qui appartient à une génération différente, soit pour un parti plus jeune, ambitieux et idéaliste", a-t-il expliqué.
L.Wagner--VZ