

Les forces syriennes déployées dans le sud après des heurts ayant fait 50 morts
Les forces syriennes ont été déployées lundi dans la province méridionale de Soueïda, théâtre d'affrontements entre tribus bédouines sunnites et combattants druzes ayant fait au moins 50 morts selon une ONG.
Ces nouvelles violences intercommunautaires viennent rappeler les défis sécuritaires auxquels fait face le pouvoir intérimaire d'Ahmad al-Chareh depuis qu'il a renversé le président Bachar al-Assad en décembre dans un pays meurtri par près de 14 ans de guerre civile.
Les heurts se poursuivent sporadiquement lundi dans certains villages de la province de Soueïda, ont indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et le site d'information local Suwayda 24.
Ils ont éclaté dimanche au lendemain "de l'enlèvement d'un marchand de légumes druze par des bédouins armés qui ont installé des barrages sur la route reliant Soueïda à Damas", a précisé l'OSDH. "L'incident a dégénéré" et les deux camps ont procédé à d'autres enlèvements, a-t-elle ajouté.
Selon le site Suwayda 24, les hommes enlevés ont été libérés dimanche soir.
Le ministère de la Défense, en coordination avec le ministère de l'Intérieur, a annoncé dans un communiqué le déploiement d'"unités militaires dans les zones touchées", "l'ouverture de passages sûrs aux civils" ainsi que sa volonté de "mettre fin aux heurts rapidement et de manière décisive".
Dimanche, le ministre de l'Intérieur Anas Khattab a déclaré sur X que "l'absence d'institutions étatiques, militaires et sécuritaires, est une cause majeure des tensions persistantes à Soueïda". "La seule solution est de réactiver (le rôle) des institutions pour assurer la paix civile."
- Autoroute Soueïda-Damas fermée -
L'Observatoire a fait état d'un nouveau bilan de 50 morts et de dizaines de blessés lors des combats armés et des échanges de tirs d'obus dans la ville de Soueïda et d'autres villages de la province du même nom.
Parmi eux figurent 34 druzes, dont deux enfants, 10 bédouins et six membres des forces de sécurité, a ajouté l'ONG en soulignant que l'autoroute reliant Damas à Soueïda était toujours fermée. La télévision d'Etat a confirmé un bilan de six morts parmi les forces syriennes.
Le ministère de la Défense a, pour sa part, annoncé plus de 30 morts et une centaine de blessés.
L'OSDH a affirmé que de fortes tensions couvaient depuis les heurts interconfessionnels en avril entre combattants druzes et forces de sécurité dans les zones druzes proches de Damas et à Soueïda, ayant fait plus de 100 morts.
Des membres de tribus bédouines sunnites de Soueïda avaient participé aux affrontements au côté des forces de sécurité, a précisé l'ONG.
A l'époque, des chefs locaux et religieux ont conclu des accords destinés à contenir l'escalade et à mieux intégrer les combattants druzes dans les institutions du pouvoir.
En vertu de ces accords également, des combattants druzes assurent depuis mai la sécurité dans la province mais des membres des tribus bédouines armées sont présents dans plusieurs régions.
Dimanche, le gouverneur de Soueïda, Moustapha al-Bakour, a appelé les habitants à "faire preuve de retenue" et des notables druzes ont réclamé une intervention des autorités.
- Israël et les druzes -
Avec quelque 700.000 habitants, la province de Soueïda abrite la plus importante communauté druze du pays, une minorité ésotérique issue de l'islam chiite.
Les tensions entre druzes et bédouins sont anciennes et des violences éclatent sporadiquement entre les deux camps.
Après la chute de Bachar al-Assad renversé par une coalition de factions rebelles islamistes sunnites, les violences début mars contre la communauté alaouite -plus de 1.700 morts- puis contre les druzes ont ébranlé la confiance dans la capacité du nouveau pouvoir à protéger les minorités.
Après ces heurts, Israël, qui occupe depuis 1967 une partie du Golan syrien, a invoqué la protection des druzes pour justifier plusieurs frappes, dont une début mai près du palais présidentiel à Damas.
Les druzes sont présents surtout en Syrie, au Liban et en Israël où quelque 152.000 d'entre eux sont recensés, selon les dernières données disponibles. Ce chiffre inclut les 24.000 druzes habitant la partie occupée du Golan, dont moins de 5% ont la nationalité israélienne.
N.Becker--VZ