

L'armée israélienne va frapper Gaza-ville avec "une force sans précédent", appelle la population à évacuer
L'armée israélienne a dit vendredi qu'elle allait frapper Gaza-ville avec une "force sans précédent", appelant la population à évacuer la zone où elle mène une offensive majeure largement décriée par la communauté internationale.
Fort du soutien américain, Israël a annoncé le début mardi d'une campagne militaire terrestre et aérienne à Gaza-ville, dans le nord du territoire palestinien, pour y anéantir le mouvement islamiste palestinien Hamas, dont l'attaque du 7 octobre 2023 en Israël a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.
"Les forces israéliennes vont continuer leurs opérations avec une force sans précédent contre le Hamas et d'autres organisations terroristes", a affirmé le colonel Avichay Adraee, un porte-parole de l'armée israélienne, appelant la population à évacuer la ville.
Mais les habitants décrivent une situation chaotique.
"Nous n'avons nulle part où aller", témoigne auprès de l'AFP Oum Mohamed al-Hattab, une Palestinienne du camp de réfugiés de Chati, dans l'ouest de Gaza-ville.
"Mes sept enfants et moi vivons encore dans des tentes dans l'ouest de la ville après que l'occupation (Israël) a bombardé notre maison", ajoute-t-elle.
"Je n'ai pas peur de mourir, j'ai peur pour mes enfants", confie Layla Azzam, 34 ans, qui vit avec ses trois enfants à Tel al-Hawa dans le sud de Gaza-ville. "Nous n'avons même pas de tente."
L'ONU estimait fin août à environ un million le nombre d'habitants dans la ville de Gaza et ses environs. L'armée israélienne a affirmé vendredi que "480.000" personnes avaient fui la zone.
Selon des bilans fournis par les hôpitaux gazaouis contactés par l'AFP, les opérations israéliennes ont tué au moins 22 personnes dans l'ensemble du territoire vendredi, dont 11 à Gaza-ville.
Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.
- L'exode -
L'armée israélienne a indiqué vendredi que ses troupes continuaient "d'élargir leur activité" à Gaza-ville, ajoutant avoir "démantelé plus de 20 infrastructures militaires" en une journée.
Avichay Adraee a annoncé la fermeture d'une route d'évacuation temporaire ouverte 48 heures plus tôt, précisant que la seule voie vers le sud était désormais la route côtière d'al-Rachid.
Cette route était une nouvelle fois vendredi saturée de personnes fuyant vers le sud, à pied, en voiture ou sur des charrettes tirées par des ânes, leurs affaires entassées à la hâte, selon des journalistes de l'AFP sur place.
Nivine Ahmed, 50 ans, a fui le sud de Gaza-ville vers la ville centrale de Deir el-Balah jeudi, à pied, avec sept membres de sa famille. "Nous avons marché plus de 15 kilomètres, nous rampions d'épuisement", a-t-elle raconté.
"Mon plus jeune fils a pleuré de fatigue. Nous avons tiré tour à tour une petite charrette avec quelques affaires."
Mona Abdel Karim, 36 ans, explique qu'elle n'a pas pu trouver de moyen de transport vers le sud et dort avec sa famille sur la route al-Rachid depuis deux nuits en attendant un chauffeur.
"Nous ne pouvons pas marcher à pied, les parents de mon mari sont âgés et malades, et les enfants sont trop faibles", a-t-elle dit.
- Condamnations -
En riposte à l'attaque, Israël a lancé une offensive dévastatrice qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire dans le petit territoire, où quelque deux millions de Palestiniens assiégés ont été plusieurs fois déplacés depuis le début de la guerre il y a bientôt deux ans.
Son offensive sur Gaza-ville a valu à Israël de sévères nouvelles condamnations à l'international. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a déploré une situation "moralement, politiquement et légalement intolérable" à Gaza.
Paris de son côté a exhorté Israël à "mettre fin à cette campagne destructrice", tandis que Londres l'a qualifiée de "totalement irresponsable et épouvantable".
Les Etats-Unis ont une nouvelle fois bloqué jeudi l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'un texte réclamant un cessez-le-feu et l'accès humanitaire à Gaza, un projet porté par la majorité des membres.
Mardi, une commission d'enquête indépendante mandatée par l'ONU a établi qu'Israël commettait un génocide contre les Palestiniens à Gaza. Les autorités israéliennes ont nié.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, en majorité des civils selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, les représailles militaires israéliennes ont coûté la vie à 65.062 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007.
Ch.Vogt--VZ