Soudan: le ministre de la Défense affirme que la guerre va continuer
Le ministre soudanais de la Défense a affirmé mardi que la guerre contre les paramilitaires allait "continuer", après une réunion gouvernementale qui a discuté d'une proposition américaine de cessez-le-feu.
"Nous remercions l'administration Trump pour ses efforts et ses propositions afin de parvenir à la paix", a déclaré le ministre, Hassan Kabroun, dans un discours télévisé.
"Les préparatifs pour la bataille du peuple soudanais sont en cours", a-t-il ajouté en affirmant que la guerre était "un droit national légitime".
Aucun détail sur la proposition américaine n'a été rendu public.
Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée du général Abdel-Fattah Al-Burhane à son ancien allié Mohamed Hamdane Daglo, chef des Forces de soutien rapide (FSR), qui ont pris le 26 octobre El-Facher, dernière ville de la vaste région du Darfour, dans l'ouest, qui échappait à leur contrôle.
Les combats se concentrent désormais sur la région voisine du Kordofan, dans le centre du Soudan, où l'ONU a fait état d'exactions et de déplacements massifs de population ces derniers jours.
Mardi, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exhorté les belligérants à "venir à la table des négociations" et "mettre fin à ce cauchemar de violence, dès maintenant".
"La crise terrifiante au Soudan (...) est en train de devenir incontrôlable", a-t-il prévenu, alors que le Conseil de défense et de sécurité présidé par le général Burhane s'est réuni dans la journée pour étudier une proposition américaine de trêve.
- "Mettre fin à la guerre" -
L'émissaire américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a mené ces derniers jours des entretiens au Caire dans le but de finaliser une proposition de trêve humanitaire proposée mi-septembre sous son égide par un groupe de médiateurs incluant l'Egypte, l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis.
Il a notamment rencontré le ministre égyptien des Affaires étrangères Badr Abdelatty et le Secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit à qui il a donné, selon la Ligue, "une explication détaillée" des efforts américains "pour mettre fin à la guerre, acheminer rapidement de l'aide et lancer un processus politique soudano-soudanais".
Le groupe de médiation, dit du Quad, travaille sur un plan global de paix pour le Soudan, mais ses dernières propositions, présentées mi-septembre à Washington, sont restées lettre morte. Jusqu'à présent, le général Burhane a accueilli négativement ce plan prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.
- "Ne tuez pas les enfants" -
Depuis la chute d'El-Facher, après 18 mois de siège par les paramilitaires, les informations et les témoignages se multiplient sur les exécutions, les pillages, les viols, les attaques contre des humanitaires, documentés par des images satellite et par des vidéos publiées par les combattants eux-mêmes.
Le général Burhane a affirmé sa volonté de "se venger" de la prise de cette grande ville, tandis que le chef des FSR s'est dit déterminé à poursuivre les conquêtes sur le terrain.
Mardi, la représente de l'ONU en charge des questions humanitaires, Denise Brown, a déploré que la ville d'El-Facher reste "barricadée" et fermée à l'aide humanitaire.
"La livraison d'aide de survie cruciale reste bloquée par les FSR contrairement à leurs obligations à l'égard des lois internationales", a-t-elle déclaré.
Près de 71.000 civils ont fui la ville depuis sa prise par les FSR, certains ayant trouvé refuge à Tawila, à environ 70 km à l'ouest. Des rescapés ont témoigné d'exactions, meurtres ou enlèvements perpétrés par les FSR sur la route et dans les environs d'El-Facher.
"Ne tuez pas les enfants, ne tuez pas les femmes", pouvait-on lire en arabe sur une pancarte écrite à la main lors d'une manifestation lundi d'enfants à Khartoum, la capitale du pays sous contrôle de l'armée.
Le conflit, qui a fait des dizaines de milliers de morts et près de 12 millions de déplacés, selon l'ONU, se joue sur fond de rivalités régionales.
Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, d'après des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient leur implication.
O.Bauer--VZ