Enfants: l'exposition à certains polluants de l'air, potentiel facteur de risque de leucémies aiguës
L'exposition à certains polluants de l'air au moment de la naissance pourrait constituer chez l'enfant un facteur de risque de leucémies aiguës, affirme l'Inserm mercredi, à partir d'une récente étude montrant des associations significatives.
Les leucémies aiguës sont les cancers les plus fréquents chez les enfants.
Si plusieurs facteurs de risque sont établis, tels que l'exposition à de fortes doses de radiations ionisantes, certains facteurs génétiques ou encore certaines chimiothérapies, le rôle de l'exposition périnatale - de la grossesse aux premiers mois du nourrisson - à certains facteurs environnementaux, comme les polluants de l'air, reste débattu, résume un communiqué.
De précédents travaux de chercheurs de l'Inserm, des universités Sorbonne Paris Nord, Paris Cité et de l'INRAE, avaient montré que la proximité du lieu de résidence avec un grand axe routier lors du diagnostic était associée, en France, à un risque accru de développer dans l'enfance une leucémie aiguë myéloïde - l'un des deux principaux types de ce cancer pédiatrique.
Leur nouvelle étude, parue dans la revue Environmental Health le 22 octobre, va plus loin.
Elle cherche à évaluer le risque de leucémie aiguë (lymphoblastique ou myéloïde) selon l'exposition aux polluants de l'air sur le lieu de résidence à la naissance. Les chercheurs ont utilisé des données d'une étude (GEOCAP-Birth) fondée sur le registre national des cancers de l'enfant.
L'étude a considéré la proximité (moins de 500 m) d'un axe routier à fort trafic et modélisé l'exposition à plusieurs polluants liés au trafic: dioxyde d'azote, particules fines PM2,5 et carbone suie.
Si les résultats n'établissent pas de lien de cause à effet, ils confortent "l'hypothèse d'un rôle de l'exposition périnatale à la pollution de l'air dans la survenue de leucémie aiguë chez l'enfant", et "en particulier l'implication des particules fines PM2,5 dans la leucémie aiguë lymphoblastique", a précisé Aurélie Danjou (Inserm), première autrice, citée dans le communiqué.
Les enfants les plus exposés aux PM2,5 présenteraient ainsi un risque supérieur d'environ 70% de développer une leucémie aiguë lymphoblastique par rapport aux moins exposés.
Mais la présence d'un axe routier majeur à moins de 500 mètres du lieu de résidence ne semblait pas associée au risque de développer une leucémie aiguë.
Selon les chercheurs, "ces résultats laissent penser que des sources de pollution aux PM2,5, autres que le trafic routier, pourraient être impliqués", telles que l'activité industrielle ou le chauffage domestique.
Des études portant sur davantage d'enfants pourraient aider à mieux comprendre "quels autres polluants pourraient jouer un rôle", selon Mme Danjou.
A.H.Hoffmann--VZ