

Rafael Nadal et Roland-Garros, un adieu gravé "à jamais"
"Merci la France, merci Paris": vingt ans après le premier de ses 14 titres à Roland-Garros, Rafael Nadal a fait dimanche, entouré de ses proches et d'anciens rivaux, un dernier adieu à ce "lieu magique" auquel son "coeur" restera "à jamais lié".
Il s'était arrêté de pleuvoir sur Paris quand il est entré, à 18h10, sur le court Philippe-Chatrier, "le court le plus important de (sa) carrière". Seul, il s'est avancé, son costume sombre tranchant sur l'ocre de ses exploits. Une dernière fois.
Ensemble, avec le public, ils ont regardé ses innombrables victoires défiler sur l'écran géant. Les larmes coulaient déjà depuis un moment quand une standing-ovation a couvert la fin de la vidéo. "Rafa" a pu apprécier les inscriptions apparues grâce aux t-shirts distribués aux spectateurs. Des lettres géantes, blanches sur fond terracotta: "14 RG" d'un côté, "RAFA" entouré de deux coeurs de l'autre.
C'est la voix enrouée par l'émotion que l'ancien joueur de 38 ans a commencé son discours, en français: "Merci beaucoup, c'est difficile, je ne sais pas par où commencer...".
- Big 4 réunifié -
L'Espagnol a tenu à commencer puis à finir en français, pour un peuple de tennis qui lui a "offert des émotions et des moments qu'(il) n'aurai(t) pu imaginer". "Vous ne pouvez pas savoir à quel point c'est gratifiant de se sentir aimé dans l'endroit qui compte le plus pour soi".
En espagnol, enfin, il a remercié son équipe, sa famille et tous ses proches. La voix s'est faite d'autant plus saccadée au moment de remercier Toni, son oncle et le "meilleur entraîneur qu'il aurait pu avoir", pour tous les "sacrifices" consentis le long du chemin.
Perdre la dernière page de son script ne l'a pas troublé. Car il était alors question de remercier sa femme et mère de son fils de deux ans, Rafael Junior. "J'aimerais te rendre heureuse autant que tu m'as rendu heureux", lui a-t-il soufflé.
Sous les yeux de multiples stars et anciens joueurs, Yannick Noah, Jo-Wilfried Tsonga, ou encore les vainqueurs 2024 Iga Swiatek et Carlos Alcaraz, l'Espagnol a remercié les artisans du tournoi venus sur le court: les ramasseurs de balles et toute l'équipe d'organisation, toujours élogieuse au sujet de "leur" Rafa.
Il était alors l'heure de réunifier le Big 4 et soixante-neuf titres du Grand Chelem. Roger Federer, Novak Djokovic et Andy Murray, ceux qui ont poussé Nadal "à toujours plus se dépasser", l'ont rejoint au centre de l'attention. Nadal n'était plus seul.
- Un moment "immanquable" -
Après la remise d'un trophée spécial par Amélie Mauresmo, directrice de Roland-Garros, et Gilles Moretton, président de la fédération française, d'un coup de balai sur la terre du Central, une plaque "Rafa Nadal" est apparue, avec son empreinte de pied et le chiffre 14 sous la Coupe des Mousquetaires.
Le héros de la terre a alors salué une dernière fois la foule, restée debout l'heure durant, avant de partir, son fils dans les bras. Le stade pouvait alors se vider, le roi n'était plus là.
Mais à l'image de cette plaque, Roland-Garros et Nadal resteront inséparables. Depuis 2021, une statue en acier inoxydable immortalise son coup droit. Juste à côté, un petit musée est consacré au "Taureau de Manacor".
Pour Marion Fauconnier, professeur d'EPS et de tennis croisée dans cet autel, il était "hyper important d'être là pour cet hommage, essentiel, même immanquable: c'était le clap de fin d'une carrière que j'ai soutenue depuis mon plus jeune âge".
Jean Fauvel, t-shirt "Merci Rafa" sur le dos, se rappelle lui de 2005, quand il a vu "un gars arriver en pantacourt, sorti de nulle part". Du joueur "exemplaire" qui a "offert une bonne image aux jeunes", il retient aussi "les coups que lui seul pouvait sortir. Quand il faisait ça, tu faisais "putain, le monstre !".
Retraités espagnols, Ramón Cuenca-Martínez et Antonia Navarro-Bueno ont vu grandir Nadal "depuis ses débuts". Ils soulignent à quel point "ce qu'il a réalisé est presque impossible à rééditer". "Qu'il ait pris sa retraite", un soir de défaite en Coupe Davis en novembre dernier à Malaga, "nous rend un peu tristes", avoue Antonia d'un tendre sourire, "mais on est très contents, car il a fait une carrière magnifique, c'est l'emblème du tennis".
O.Friedrich--VZ