

Top 14: Toulouse, la force de l'habitude, la quête insatiable
Sûr de sa force et adossé à son éternelle culture de la gagne, le Stade Toulousain a décroché samedi aux dépens de Bordeaux-Bègles un 24e Bouclier de Brennus, le troisième d'affilée, au bout d'un "long périple". Une hégémonie appelée à se poursuivre ?
"Si ça ne vous embête pas, je vais en profiter pendant quelques jours, parce que sincèrement, ça a été un long périple. Mais quand l'issue est top, forcément, ça permet de mettre un peu de baume au cœur pour le reste", a soufflé Ugo Mola, le manager des Rouge et Noir après un match fou remporté en prolongation (39-33).
Le reste? Une saison marquée d'emblée par la tristesse, lorsque le club a été endeuillé coup sur coup par le décès de Helen Tekori, compagne de l'ancien troisième ligne Iosefa Tekori, désormais dans le staff, puis par celui de Medhi Narjissi, jeune espoir du club disparu dans les eaux tumultueuses du Cap de Bonne Espérance en Afrique du Sud, lors d'un voyage avec l'équipe de France U18.
"Je pense que ça nous a resserrés un petit peu, il y avait un peu d'émotion avant la finale, en pensant qu'il fallait aussi faire ça pour certaines personnes", a estimé le centre Pierre-Louis Barassi.
- "Supplément d'âme" -
"On a joué pour les personnes qu'on a perdues cette année, malheureusement, on a eu une année assez compliquée avec un été chargé en émotions. Et c'est important aussi, je pense qu'on avait un supplément d'âme ce soir", a complété François Cros.
Discret, précieux et confiant, le troisième ligne du XV de France incarne à la perfection cette génération toulousaine qui est allée chercher un cinquième titre sur les six derniers mis en jeu.
Elle l'a fait un mois et demi après avoir connu une désillusion terrible à Bordeaux où, amoindrie par de nombreuses blessures, elle a été balayée par la furia de l'UBB en demi-finales de Champions Cup (35-18).
Car les Rouge et Noir peuvent se rassurer, ils savent également gagner sans leur maître à jouer Antoine Dupont, absent depuis une rupture des ligaments croisés du genou droit en mars.
"Ça serait terrible de dire qu'on est content d'avoir gagné sans Antoine, mais je crois à la force du groupe", a souri Ugo Mola, qui a également dû composer sans Peato Mauvaka, Ange Capuozzo ou encore Alexandre Roumat.
Malgré ces coups durs et une fin de championnat délicate, les Hauts-Garonnais ont montré pourquoi ils n'ont perdu aucune des onze finales qu'ils ont disputées depuis leur dernier revers face au Munster en Champions Cup, en... 2008.
"Peut-être que c'est les +Transformers+, mais le problème c'est qu'il y a 26 journées à se cogner, il y a quelques matchs autres à jouer", s'est amusé Mola, "impressionné" par la performance de ses hommes.
Dominateur en conquête, comme souvent à ce stade de la compétition, Toulouse a renoué avec ses points forts, ceux qui lui avaient fait défaut début mai à Bordeaux.
"On savait qu'ils allaient proposer ce jeu-là parce que c'est Toulouse et qu'ils n'arrivent pas en finale en se disant victimes", a dit le demi de mêlée bordelo-béglais Maxime Lucu.
- Quadruplé? -
Comme ces deux dernières années fin juin, et comme souvent à l'issue de ces dernières saison, les Rouge et Noir seront au balcon du Capitole pour célébrer leur triomphe avec le reste de la Ville Rose.
La saison prochaine, ils seront rejoints par deux Rochelais, le pilier Georges-Henri Colombe et le trois-quarts Teddy Thomas, avant de compter sur le retour des blessés, dont "Toto" Dupont, pas avant l'automne.
Il sera alors temps de se remettre au travail pour répondre à l'injonction espiègle souvent faite par Ugo Mola à cette génération: devenir la plus grande de l'histoire du club.
Pour y arriver, il faudra égaler la série de quatre Brennus consécutifs engrangés entre 1994 et 1997.
"En effet, il y a eu mieux au club, on a une génération qui est ambitieuse et qui voit grand", a déclaré François Cros, avant d'ajouter: "On va profiter de celui-là déjà, parce que celui-là, c'est validé. On aura le temps de penser à la saison prochaine, après les festivités et le repos."
E.Franz--VZ